De la folie de la construction
Je vous l'ai déjà dit, Singapour ressemble à un immense chantier, en mouvement 7 jours sur 7 et quasiment 24 heures sur 24, pour la grande joie du voisinage. Partout où vous tournez la tête, une grue surgit du paysage, le chant du marteau piqueur répond au vacarme des pilons géants qui martèlent le sol pour creuser des fondations qui s'enfoncent parfois à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Les armées d'oompa-loompas (cf. Charlie et la chocolaterie) venus du Pakistan ou de l'Inde garantissent une main d'œuvre abondante et peu onéreuse, qui parfois campent à même le chantier.
Certains quartiers sont en profonde mutation. Les maisonnettes qui datent des années 60 sont peu à peu vendues dès que les petits vieux qui les habitent partent pour leur dernière demeure. Elles sont rachetées par des investisseurs, rasées et laissent place à de grosses maisons modernes, air conditionné, fibre optique, lap pool (traduisez piscine de cuisses, l'eau vous arrivera donc au niveau indiqué), sans oublier le fameux bomb shelter en cas d'attaque atomique, on est jamais trop prudent.
Voyez par exemple dans le quartier autour du Lycée Français, l'histoire de cette petite maison rouge et bleue de plein pied...
Une fois revendue (attention, plusieurs millions de Singapore dollars quand même !), il faudra quelques mois avant de voir apparaitre brusquement les pelles mécaniques, fondant sur leur proie immobile. Après 2 jours de travail, voilà le résultat : un petit tas de gravats.
2 mois plus tard, la structure prend naissance avec une obsession : dépasser la maison du voisin
Laissons encore passer 2 mois et voilà le deuxième étage levé, ouf! le faîte du toit est plus haut que celui des voisins, la face est sauve
3 mois après, la façade est presque achevée, l'intérieur aussi et la piscine le long du mur gauche est creusée et carrelée
Ainsi un an et 3 mois après la première photo, voici la maison louée pour une somme rondelette, fleurie par un frangipanier encore sous le choc, la piscine en eau...
Dans certaines rues il y a entre 5 et 10 maisons en travaux, vous imaginez qu'en quelques années un quartier peut changer complètement de visage... et ceci mis à l'échelle de la ville, ça donne le vertige.