Le disparu de Singapour

L'année de la chèvre étant around the corner, il est temps de penser aussi au bouc. Aussi, de saines lectures s'imposent...

Ce volet de la série culte (cul-te also can) SAS date de 1975, l'année où Singapour fêtait ses 10 ans! Rien que pour les descriptions imagées de cette jeune Nation gouvernée d'une main de fer par Lee Kuan Yew, cela vaut la peine de se plonger dans ce vieux Gérard De Villiers. "A première vue Singapour semblait sans mystère, une petite dictature bien propre où on pouvait boire l'eau du robinet et où les fonctionnaires étaient d'une intégrité terrifiante."

Quarante ans après, la ville n'a pas trop changé ! Voyez plutôt :

- Sur la construction frénétique

"Pris d'une frénésie de démolition, le gouvernement de Lee Kuan Yew rasait systématiquement les vieilles demeurent aux façades peinturlurées et lézardées, ornées de balcons encombrés pour regrouper leurs habitants dans des clapiers en béton de trente étage, dont les fenêtres se hérissaient aussitôt de perches à tendre le linge sans lesquelles un chinois ne peut pas vivre. Cela au nom de la salubrité et du progrès. Philosophes, les Chinois s'adaptaient tant bien que mal sans murmurer. Le moindre protestataire était aussitôt soupçonné de communisme galopant et traité en conséquence."

- sur les food courts 

"(...) restaurant en plein air, avec une dizaine de stands. Là, on mangeait de la délicieuse nourriture chinoise pour 3 ou 4 dollars...".

Same same aujourd'hui, même prix qu'il y a 40 ans, sauf que la nourriture n'est plus délicieuse depuis belle lurette !

- la politique familiale a quant à elle, a quelque peu changé

" Vous n'avez pas vu la pub partout ? "Two is enough". La campagne pour limiter à deux par famille le nombre d'enfants... Ici à Singapour, nous sommes déjà dans le futurisme. La planification totale. Si vous avez trois enfants, on vous supprime les allocations familiales. A quatre, c'est l'école gratuite qui saute. (...) Lee Kuan Yew a une frousse noire du chômage, 55% de la population a moins de vingt ans."

Quand on sait qu'aujourd'hui le taux de fécondité est un des plus bas au monde et que le gouvernement fait tout pour que la population se reproduise, ça fait doucement rigoler...